Zenika

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Pourriez-vous vous présenter et expliquer aux participants d’Agile pays Basque qui vous êtes et pourquoi vous soutenez la communauté Agile ?

Frédéric Faure, agiliste chez Zenika depuis un peu plus d’un an. Membre actif (tant que faire se peut) de la communauté agile bordelaise, girondine et aquitaine depuis plus de 10 ans. C’est à peu près à cette époque qu’était créé Zenika.

Pourriez-vous revenir sur votre parcours, ce qui vous a amené à adopter des pratiques agiles ?

J’ai donc découvert l’agilité en 2006. J’avais déjà quelques années d’expérience et je m’étais plusieurs fois confronté à la lourdeur des méthodes traditionnelles, à la violence du management en mode ‘command and control’ et à la dérive conflictuelle des projets menés au forfait. Quand un collègue que je ne remercierai jamais assez (Jérôme Laurens, si tu me lis, on ne sait jamais : merci encore !) m’a présenté Scrum , eXtreme Programming et les travaux des Poppendieck, j’ai vraiment eu l’impression de vivre une épiphanie. Le mot est sans doute un peu fort mais plus de 10 ans après, le soufflé n’est pas retombé.

Pour vous, quelle a été (où devrait être) les valeurs ou pratiques les plus intéressantes pour votre activité ?

Difficile de ne pas rentrer dans les poncifs mais les valeurs et pratiques du manifeste agile se suffisent à elle-même. Elles ont beau atteindre quasiment leur majorité, elles sont toujours d’une actualité criante ! On ressort souvent la rétrospective comme pratique essentielle (j’ai joué plusieurs fois au jeu de Pablot Pernot « La scierie à pratiques » et les rétrospectives sont sorties à chaque fois vainqueur). Cependant, j’ai un léger penchant personnel pour le stand up meeting (ou scrum meeting, scrum, stand up, daily meeting, daily, etc). Bien mené, c’est vraiment lui qui donne le pouls de l’équipe. Bien entendu, les pratiques d’ingénierie logicielle ne sont pas négociables. Pour paraphraser @lilobase, Scrum (seul) n’est pas une méthode agile. C’est une tautologie, mais cela ne fait pas de mal de le rappeler régulièrement.

A l’inverse, qu’est-ce qui vous parait compliqué dans la mise en oeuvre des pratiques Agile ?

A l’évidence, le changement des mentalités et plus particulièrement le changement de culture managériale. L’approche top-down est trop souvent un moyen de surfer sur une vague qui ressemble un peu trop à de l’écume. Les pratiques sont imposées aux équipes de manière unilatérale. L’adhésion est rarement au rendez-vous. On fait de l’agilité parce qu’il faut en faire. On fait des stand-up, on colle des post-it mais on ne voit jamais le client, les tests QA sont toujours faits après le sprint, on déploie encore 2 fois par an.

A l’inverse, quand des équipes motivées s’investissent dans la mise en place de l’agilité, ils arrivent souvent à obtenir quelques succès, peuvent faire boule de neige sur d’autres équipes mais sont souvent confrontées au plafond de verre du middle management qui veut toujours présenter ses indicateurs pastèques à la direction, et aux murs de verre des silos de l’organisation. Les guéguerres entre services finissent parfois par décourager les plus motivés… Il faut réussir une intégration omnidirectionnelle et ça n’est évidemment pas des plus facile.

Quelles sont vos plus belles réussites dans le domaine de l’Agilité ?

Les petites victoires du quotidien. Quand un ancien collègue originellement réticent vous envoie la photo du board qu’il a initié pour sa nouvelle équipe. Quand un membre d’équipe commence la réalisation d’une story par l’écriture d’un test unitaire. Quand un manager accepte enfin que la QA soit dans le même bureau que les développeurs. Etc.

Comment percevez-vous le déploiement des pratiques agiles dans les organisations françaises ?

Même s’il a fallu du temps et si la partie est loin d’être gagnée, il y a maintenant une quasi-unanimité dans la reconnaissance de ces pratiques. Les agilistes sont de moins en moins vus comme des doux rêveurs éloignés des réalités de l’entreprise. Mais ces pratiques sont encore trop souvent appliquées sans en appréhender tous les tenants et aboutissants. Si on prend le modèle de maturité Shu-Ha-Ri, on est encore en France la tête dans le Shu. Il serait temps de passer au Ha !

Si les participants d’Agile Pays Basque veulent se lancer, par où leur conseillerez-vous de commencer ?

S’ils participent à Agile Pays Basque, la graine est déjà plantée. A nous, orateurs, de la faire germer ! Ensuite, comme je l’ai déjà dit, il faut embarquer tout le monde sur le bateau. Des équipes opérationnelles au top management, chacun des membres de l’entreprise doit être sensibilisé. L’approche peut être différente suivant les populations : formations classiques, coaching opérationnel d’équipes, coaching d’organisations comme le propose nos amis de Rupture)21. Il faut ensuite maintenir la flamme en s’appuyant sur les communautés locales, les conférences d’ici et d’ailleurs, etc. En tout cas, et je parle par expérience, il ne faut pas se lancer tout seul. Il faut trouver des relais en internes, des sponsors et régulièrement se ressourcer en échangeant avec ses pairs. De l’indispensabilité d’Agile Pays Basque !

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