Denis Benoist est ingénieur au bureau d’études de la société ae&t qui sponsorise la 2ème édition de la conférence Agile Pays Basque.
ae&t conçoit et commercialise des produits et solutions d’alerte et d’évacuation communicantes pour la protection des personnes.
Agile Pays Basque :
Votre entreprise ae&t a fêté ses 40 ans en 2016. Quelles sont les conditions et pré-requis pour mettre en place l’agilité dans une entreprise qui a une certaine ancienneté et un mode de fonctionnement et de management traditionnel ?
Denis Benoist :
Je peux répondre à cette question en partant de l’expérience que j’ai vécue au sein de mon entreprise. ae&t a découvert et adopté l’approche agile en 2015. Auparavant, ae&t était une entreprise très hiérarchisée malgré sa petite taille, une cinquantaine de personnes. Il y avait de la communication transversale mais les décisions étaient prises selon un mode ascendant et descendant. Peu d’initiative était laissée aux salariés.
Le basculement vers les méthodes de travail agile est, avant tout, né de la volonté de changement d’un groupe de salariés du bureau d’étude, volonté de passer en mode collaboratif. Auparavant, chacun gérait son projet et cela générait de la rivalité, de la démotivation parfois… Avec la méthode agile, plusieurs personnes collaborent au même projet.
Il se trouve que, à cette période, l’entreprise était à bout de souffle, en limite de créativité. Un changement de direction a été l’occasion de former un grand nombre de personnes à la méthode Scrum : le service marketing, le bureau d’étude et d’autres personnes. La formation a été confiée à Claude Aubry.
Sur ces entrefaites, ae&t a répondu à un appel d’offre concernant un très gros projet. C’était l’occasion de tester, en grandeur réelle, les acquis de la formation. La méthode Scrum a été de suite appliquée. Cela a été un énorme succès. La conséquence visible a été le plaisir au travail. Et cela s’est vu.
Et d’autres services se sont montrés intéressés.
Il est vraiment nécessaire qu’il y ait une envie de changement des salariés. Il est indispensable qu’ils prennent conscience, en amont, de la difficulté de travailler seuls et des bénéfices du travail collaboratif. Cela peut se faire suite à un travail éprouvant. C’est ce qui c’est passé chez ae&t. C’est la démarche qui a été à l’origine de l’extension de la méthode de travail à un autre service.
La conversion de l’ensemble de l’entreprise à ces méthodes de travail a été facilitée par l’adoption du principe d’entreprise libérée, un an après.
APB - En quoi l’agilité peut-elle aider à la créativité ?
DB
L’agilité érige le droit à l’erreur en règle. On envisage, dès le départ, la possibilité de se tromper. Avant de répondre au besoin du client, on réfléchit à plusieurs solutions envisageables. Grâce au feedback, on vérifie si ça a marché, si la proposition répond à la demande. Si ce n’est pas le cas, on invente une nouvelle solution. Ce que l’on recherche c’est la satisfaction du client.
Il faut savoir accepter que sa proposition initiale ne soit pas retenue. Cette situation doit permettre de rebondir sur une nouvelle idée. L’avantage, c’est que chacun a une grande marge de manœuvre pour expérimenter, donc pour innover.
De plus, le travail collaboratif permet d’accroitre la créativité. Si on est plusieurs, on a plusieurs idées. On les confronte. On ouvre son esprit aux représentations des autres. De la mise en commun des idées, naissent parfois des solutions inédites auxquelles on n’aurait pas pensé seul.
Chez ae&t, deux fois dans l’année, on organise un forum ouvert sur une journée entière dans les locaux de l’entreprise. Chacun est invité à proposer des projets sur des sujets divers, sans tabou, et chacun choisit ceux pour lesquels il veut s’engager. Cela favorise l’expérimentation.
APB – Pourquoi avez-vous accepté de sponsoriser Agile Pays Basque ?
DB
D’abord parce que c’est un évènement qui permet de découvrir et d’approfondir les méthodes agiles, un lieu d’échanges et de partage, l’occasion d’apprendre de l’expérience des autres. L’entreprise agile est en constante évolution. Elle se questionne, évolue selon un modèle itératif. ae&t n’y échappe pas.
Ensuite, il s’agit de soutenir une initiative locale. Il existe des manifestations comme celle-ci un peu partout en France ; celle-ci est la plus proche de notre siège. C’est une bonne chose que les entreprises des Pyrénées-Atlantiques puissent se renseigner sur l’agilité sans avoir à aller à Bordeaux ou Toulouse.
ae&t est aussi très engagée dans le développement et la promotion de l’approche agile. Des personnes d’ae&t et d’autres entreprises se réunissent régulièrement dans le cadre d’un Klub Agile dans nos locaux.
Une fois par mois, elles échangent sur les méthodes agile et l’entreprise libérée par le biais de commentaires d’ouvrages ou de vidéos sur le sujet. Il arrive aussi qu’on expérimente un jeu agile pour ensuite l’utiliser dans un contexte professionnel.
Enfin, je suis un ancien élève de l’Estia, partenaire du projet, et j’apprécie beaucoup le travail des organisateurs de l’évènement.